PICHETS ET CRUCHES
L’apparition sur le marché, de nombreuses productions de pichets en barbotines animaliers, floraux ou anthropomorphes, laisse souvent l’amateur pantois.
Se pose alors la question de reconnaître un pichet ancien d’une pièce moderne, mais malheureusement l’imagination des artistes et les progrès des techniques faïencières rendent cette tâche de plus en plus difficile.
Se pose alors la question de reconnaître un pichet ancien d’une pièce moderne, mais malheureusement l’imagination des artistes et les progrès des techniques faïencières rendent cette tâche de plus en plus difficile.
Copies ou production récentes ?
sIl n’est pas rare que des faïenceries aient conservé des moules anciens et certaines d’entre elles sortent encore des pichets qui ne se distinguent des pièces anciennes que par la finition, souvent moins bien soignée, et le plus souvent sans rapport avec l’apparence originale. Les émaux ont évolué et il est difficile de recréer l’apparence des décors anciens.
On ne peut, dans ce cas, parler de copie, mais de production récente de cruches par des manufactures ayant créé le modèle.
Saint-Clément, par exemple, a produits canards, coqs et autres perroquets qui diffèrent de leurs « collègues anciens » par la signature, souvent en lettres cursives, au fond du pichet.
Il n’est pas rare, à ce propos, de trouver des cruches récentes, fabriquées par les maisons les ayant créées, mais comprenant des finitions de couleurs tout à fait différentes des anciennes, car plus adaptées à notre époque. Il existe, par exemple, une cruche de Desvres, à l’origine à l’effigie du comique troupier Polin, mais dont la finition est celle d’un agent de ville !
Souvent les manufactures ne possèdent plus les modèles originaux et seule l’imagination des décorateurs actuels est à la source de certains décors, ce qui donne parfois des résultats surprenants.
On ne peut, dans ce cas, parler de copie, mais de production récente de cruches par des manufactures ayant créé le modèle.
Saint-Clément, par exemple, a produits canards, coqs et autres perroquets qui diffèrent de leurs « collègues anciens » par la signature, souvent en lettres cursives, au fond du pichet.
Il n’est pas rare, à ce propos, de trouver des cruches récentes, fabriquées par les maisons les ayant créées, mais comprenant des finitions de couleurs tout à fait différentes des anciennes, car plus adaptées à notre époque. Il existe, par exemple, une cruche de Desvres, à l’origine à l’effigie du comique troupier Polin, mais dont la finition est celle d’un agent de ville !
Souvent les manufactures ne possèdent plus les modèles originaux et seule l’imagination des décorateurs actuels est à la source de certains décors, ce qui donne parfois des résultats surprenants.
Copies
Un autre casse-tête pour le collectionneur est le cas, plus courant et également plus curieux, des « reprises » de certains modèles, par des centres de production qui ne les ont pas créés.
On trouve de plus en plus de cruches, dans le meilleurs des cas, avec des marques propres à la faïenceries qui les fabrique, reprenant dans les détails les plus précis les modèles connus et ayant, pour la plupart, une petite centaine d’années.
On peut, ici, parler de « copie », puisque le modèle ne diffère en rien du pichet ancien.
Si celui-ci est marqué précisément, il est alors facile de faire la différence. Malheureusement certains pichets ne comprennent aucun marquage et, pis encore, d’autres ont des marquages fantaisistes, qui ressemblent à s’y méprendre au marquage original. C’est ainsi que l’on trouve une marque très ressemblante au marquage typique de Fives-Lille (DB dans une encre marine) et qui pourrait tromper l’amateur non éclairé…ou étourdi.
Enfin, depuis quelques années, venant d’Italie et mêmes de pays asiatiques, des pichets relativement faciles à reconnaître envahissent les déballages.
Le problème de la propriété d’un modèle ne paraît pas très aigu puisque presque toutes les faïenceries importantes semblent avoir été copiées. Citons de mémoire quelques pichets copiés : le coq, le canard, le cochon hôtelier, le chef de gare d’Onnaing, mais aussi le rat au parapluie de Poët-Laval, le chat à la mandoline d’Orchies, le lapin à la médaille « 1900 », etc.
Les pichets floraux sont quant à eux largement copiés quelle que soit leur origine.
On trouve de plus en plus de cruches, dans le meilleurs des cas, avec des marques propres à la faïenceries qui les fabrique, reprenant dans les détails les plus précis les modèles connus et ayant, pour la plupart, une petite centaine d’années.
On peut, ici, parler de « copie », puisque le modèle ne diffère en rien du pichet ancien.
Si celui-ci est marqué précisément, il est alors facile de faire la différence. Malheureusement certains pichets ne comprennent aucun marquage et, pis encore, d’autres ont des marquages fantaisistes, qui ressemblent à s’y méprendre au marquage original. C’est ainsi que l’on trouve une marque très ressemblante au marquage typique de Fives-Lille (DB dans une encre marine) et qui pourrait tromper l’amateur non éclairé…ou étourdi.
Enfin, depuis quelques années, venant d’Italie et mêmes de pays asiatiques, des pichets relativement faciles à reconnaître envahissent les déballages.
Le problème de la propriété d’un modèle ne paraît pas très aigu puisque presque toutes les faïenceries importantes semblent avoir été copiées. Citons de mémoire quelques pichets copiés : le coq, le canard, le cochon hôtelier, le chef de gare d’Onnaing, mais aussi le rat au parapluie de Poët-Laval, le chat à la mandoline d’Orchies, le lapin à la médaille « 1900 », etc.
Les pichets floraux sont quant à eux largement copiés quelle que soit leur origine.
Copies anciennes
Il est à noter que la copie de pichets n’est pas un phénomène récent. Desvres a copié les modèles d’Onnaing du cochon hôtelier, du canard dans les roseaux, du coq gaulois.
Une manufacture anglaise était spécialiste des reprises des modèles de Sarreguemines, et l’on trouve notamment des « grotesques » non marqués, ou le modèle n°653 de cette manufacture, avec une finition quelques peu différente.
En fait les ouvriers de ces faïenceries étaient souvent débauchés pour être employés en suite dans les maisons concurrentes. Ils partaient alors avec les secrets de fabrication et un savoir-faire qu’ils réinvestissaient chez leur nouveau patron.
Intact ou abîmé ?
Le problème se pose, pour de nombreux collectionneurs, d’avoir à acheté ou pas un pichet cassé ou restauré ou intact d’origine.
Que faire face à un tel dilemme ?
Il est nécessaire de ne pas oublier que l’ensemble des productions date de la fin du XIXème siècle ou du début du XXème siècle. Cela signifie qu’un pichet en barbotine, fabriqué à l’origine pour servir l’eau chaque jour à table, à toute la famille, devrait être, un siècle plus tard, en parfait état.
Cela relève de l’utopie ou du miracle !
Quand on trouve un pichet sur un déballage ou sur un quelconque lieu de « chine », c’est déjà, en soi, une chance !
S’il est cassé, recollé (mal, le plus souvent, ou très maladroitement), c’est dommage, mais normal.
S’il est restauré (au point qu’on ne s’en rende pas compte tout de suite), c’est dommage, mais c’est très bien !
S’il est en parfait état, c’est un véritable exploit !
Alors, si vous vous posez la question et si vous êtes atteint de « collectionnite aiguë », parce que l’essentiel est de rajouter à votre collection un pichet absent, n’hésitez pas à acheter un modèle cassé ou restauré. D’expérience de collectionneurs et de marchands, vous aurez beaucoup de mal à le retrouver ; et si par chance il se représente quelques années plus tard, il ne sera pas forcément dans un meilleur état, et peut-être même sera-t-il beaucoup plus cher !
Une manufacture anglaise était spécialiste des reprises des modèles de Sarreguemines, et l’on trouve notamment des « grotesques » non marqués, ou le modèle n°653 de cette manufacture, avec une finition quelques peu différente.
En fait les ouvriers de ces faïenceries étaient souvent débauchés pour être employés en suite dans les maisons concurrentes. Ils partaient alors avec les secrets de fabrication et un savoir-faire qu’ils réinvestissaient chez leur nouveau patron.
Intact ou abîmé ?
Le problème se pose, pour de nombreux collectionneurs, d’avoir à acheté ou pas un pichet cassé ou restauré ou intact d’origine.
Que faire face à un tel dilemme ?
Il est nécessaire de ne pas oublier que l’ensemble des productions date de la fin du XIXème siècle ou du début du XXème siècle. Cela signifie qu’un pichet en barbotine, fabriqué à l’origine pour servir l’eau chaque jour à table, à toute la famille, devrait être, un siècle plus tard, en parfait état.
Cela relève de l’utopie ou du miracle !
Quand on trouve un pichet sur un déballage ou sur un quelconque lieu de « chine », c’est déjà, en soi, une chance !
S’il est cassé, recollé (mal, le plus souvent, ou très maladroitement), c’est dommage, mais normal.
S’il est restauré (au point qu’on ne s’en rende pas compte tout de suite), c’est dommage, mais c’est très bien !
S’il est en parfait état, c’est un véritable exploit !
Alors, si vous vous posez la question et si vous êtes atteint de « collectionnite aiguë », parce que l’essentiel est de rajouter à votre collection un pichet absent, n’hésitez pas à acheter un modèle cassé ou restauré. D’expérience de collectionneurs et de marchands, vous aurez beaucoup de mal à le retrouver ; et si par chance il se représente quelques années plus tard, il ne sera pas forcément dans un meilleur état, et peut-être même sera-t-il beaucoup plus cher !
L'actualité et la politique
L’univers des pichets est très inspiré par tous les thèmes d’actualité. Les hommes politiques (Poincaré le premier) , les préoccupations sociales (« réformes urgentes »), ou les événements du moment (la jupe-culotte) ont donné lieu à la création de modèles à la durée de vie sans doute limitée mais qui bénéficient d’un certain tapage médiatique. Ce phénomène est à rapprocher de celui de l’univers des pipes qui, lui aussi, s’est constamment inspiré de l’actualité, à tel point qu’on vendait 60000 pipes à l’effigie de Thiers après 1870 et que le général Boulanger a su son audience définitivement entamée le jour où les pipes à son images ont déserté les vitrines des marchands de tabac.
De nombreuses manufactures ont fabriqué des pots inspirés de l’actualité et parmi elles, c’est incontestablement Onnaing qui en a proposé la variété la plus grande.
De nombreuses manufactures ont fabriqué des pots inspirés de l’actualité et parmi elles, c’est incontestablement Onnaing qui en a proposé la variété la plus grande.
Techniques et fabrication
Tous ces pichets dont la contenance varie de 1 litre à 1,5 litres sont traités avec le plus grand soin. Les formes y sont généreuses, appuyées mêmes, toujours un peu simplifiées et arrondies (les impératifs de la fabrication parlent). Les couleurs appliquées avec assez de précision chantent et n’ont pas peur de se télescoper, d’autant que l’intérieur du pichet est généralement émaillé d’un rouge carminé aussi vigoureux que caractéristique.
D’un beau brillant, tous ces pichets, ainsi que l’ensemble de la production d’Onnaing, ont bien résisté au temps. Fabriqués jusqu’en 1912 par moulage (les parois sont alors plus épaisses et ne suivent qu’approximativement la forme extérieure, les anses sont pleines), ces pots le sont ensuite par coulage (d’où l’appellation postérieure de barbotine). Plus minces, les parois internes épousent alors exactement la forme extérieure.
Les pichets ont donné lieu à une fabrication de masse. Si de nombreuses faïenceries en ont produit : Sarreguemines, Fives-Lille, Gien, Saint-Clément (les couleurs de Saint-Clément sont plus douces, voire, pour la production tardive, fades), c’est incontestablement Onnaing dans le Nord, qui s’en est fait une spécialité. La variété en effet en est grande et les modèles se renouvellent sans cesse (les thèmes d’inspiration sont d’ailleurs à rapprocher de ceux des pipes en terre que Scouflaire, installé également à Onnaing, fabriquait à la même époque). D’une facture solide, ornés de couleurs claquantes que l’intérieur généralement carminé rehausse encore, les pichets d’Onnaing, sous leurs airs bonhommes, font aujourd’hui à eux seuls l’objet de collections.
D’un beau brillant, tous ces pichets, ainsi que l’ensemble de la production d’Onnaing, ont bien résisté au temps. Fabriqués jusqu’en 1912 par moulage (les parois sont alors plus épaisses et ne suivent qu’approximativement la forme extérieure, les anses sont pleines), ces pots le sont ensuite par coulage (d’où l’appellation postérieure de barbotine). Plus minces, les parois internes épousent alors exactement la forme extérieure.
Les pichets ont donné lieu à une fabrication de masse. Si de nombreuses faïenceries en ont produit : Sarreguemines, Fives-Lille, Gien, Saint-Clément (les couleurs de Saint-Clément sont plus douces, voire, pour la production tardive, fades), c’est incontestablement Onnaing dans le Nord, qui s’en est fait une spécialité. La variété en effet en est grande et les modèles se renouvellent sans cesse (les thèmes d’inspiration sont d’ailleurs à rapprocher de ceux des pipes en terre que Scouflaire, installé également à Onnaing, fabriquait à la même époque). D’une facture solide, ornés de couleurs claquantes que l’intérieur généralement carminé rehausse encore, les pichets d’Onnaing, sous leurs airs bonhommes, font aujourd’hui à eux seuls l’objet de collections.
Patrick Volz